1753-07-08, de Voltaire [François Marie Arouet] à Johann Erasmus von Senckenberg.

Monsieur,

La nouvelle persécution qu'on fit hier à Francfort aux personnes en question, les obligea de quitter une ville où elles trouvaient en vous de si grandes consolations, mais où le droit des Gens a été violé d'une manière si affreuse.

Le nommé Dorn, Commis du sieur Freytag, qui avait eu la punissable insolence de trainer Madame D…en prison, de souper et de coucher dans sa chambre malgré Elle etc., osa revenir chez elle dans l'auberge du Lyon d'or, et voïant passer un pistolet qui était sans poudre et sans pierre, et qu'on allait nettoyer, prit ce prétexte pour accuser Mr. de V….d'avoir voulu l'assassiner. Heureusement les Notaires Micke et Bœhem étaient présents avec Colini le secrétaire. On a demandé justice de la calomnie et de la méchanceté du nommé Dorn.

Nous vous supplions, Monsieur, de nous faire avoir le promemoria de Schmidt. Nous vous envoyons la copie de notre requête au Conseil.

Nous vous réitérons les plus tendres remerciments, et nous vous supplions de vouloir bien nous écrire à Mayence à l'Empereur.

Permettez-nous de retrancher les cérémonies par ce que nous vous sommes très-attachés, et permettez-nous de supprimer les noms pour ne vous point compromettre.