Au château de Potsdam, le 4 décembre [1752]
J'ai reçu dans la Gazette d' Utrecht, du mardi 28 novembre, un avertissement que mon devoir est de réfuter.
Un libraire de La Haye, nommé Benjamin Gibert, avertit le public que c'est à Francfort, et non ailleurs, qu'on imprime une édition correcte du Siècle de Louis XIV, et moi j'assure le public que rien n'est plus faux. J'ai fait présent de cet ouvrage au sieur Conrad Walther, libraire de s. m. le roi de Pologne. Il a un privilège impérial, et vient d'achever à Dresde une édition nouvelle de ce livre, dont il m'a envoyé toutes les feuilles. J'ai pris la peine de les corriger avec soin. Cette nouvelle édition est la seule que j'approuve. Elle est purgée de toutes les fautes dont les autressont pleines et est augmentée d'un tiers. L'édition de Francfort qu'annonce Gibert est une injustice qu'on fait à mon libraire, qui me sert avec fidélité et exactitude; on s'est hâté de copier à Francfort les éditions contrefaites l'hiver dernier, qui ne valent rien, tandis que mon libraire travaillait à la nouvelle, qui est la seule bonne. Ceux qui réimpriment mon ouvrage, quelque peu digne qu'il soit du public, me font beaucoup d'honneur; mais ils doivent au moins le donner tel qu'il est, s'ils ne veulent pas perdre leurs peines.
Voltaire