1752-10-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à — Le Baillif.

Sitost votre lettre reçue mon cher camarade j'ay fait tous mes paquets.
J'ay profité de vos bontez. Je prends la liberté de vous envoyer un gros paquet et une lettre pour M. le comte Dargenson, et une lettre pour M. le maréchal de Richelieu. Je ne manqueray pas de parler au roy comme je le dois, comme une homme qui vous regrette, et qui sait ce que vous valez. J'aurais voulu avoir le bonheur de vous entretenir avant votre départ. Mais ny ma santé ny le bonheur dont je jouis dans ma retraitte ne m'ont permis d'aller à Berlin. Je vous souhaitte un heureux voiage, ayez la bonté je vous en supplie de faire mes tendres compliments à mr de Bussy. Il vous ressemble, il aime comme vous le travail et le plaisir et est fait pr L'un et pour l'autre. Adieu mon cher camarade, vous diminuez la félicité dont je jouis, en partant de Berlin où j'espérais vous voir cet hiver. Voulez vous bien présenter mes devoirs à monsieur l'envoyé? Adieu encor, bon voiage.

V.