1752-04-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à — Le Baillif.

Je suis bien sensible mon cher camarade à l'attention que vous voulez bien avoir au milieu de vos affaires et de vos plaisirs.
Vous êtes fait pour réussir dans tout cela. Permettez moy de vous faire les plus sincères compliments sur la carrière agréable où vous entrez et sur le poste de confiance que vous occupez. Je voudrais ne quitter Potsdam que pour venir vous embrasser. Je vous avoue que je m'acoutume plus que jamais à la vie retirée, philosophique et doucement occupée que je mène icy. Elle est convenable à mon âge, à ma mauvaise santé, à ma façon de penser. Mais je n'en sens pas moins le prix de votre aimable société, et je vous regrette dans le bonheur de ma retraitte. Je vous prie de me regarder mon cher camarade comme un amy qui vous est véritablement dévoué pour toujours.

V.