Fernei, ce 25 décembre [1775]
Mon grand âge, monsieur, mes maladies, mes yeux que je perds presque entièrement, sont mon excuse auprès de vous, si je ne suis pas encore entré dans de grands détails sur l'estimable ouvrage que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer.
Je n'ai fait que le parcourir encore; mais j'ai déjà jugé combien il était profond en recherches sur l'antiquité, et bien fait pour fixer l'attention de notre jeune monarque à qui vous la dédiez; j'ai encore vu qu'en décrivant tant de grands monuments, vous en éleviez véritablement un à votre gloire. Je souhaite surtout que celui que vous proposez pour être élevé vis à vis la façade du Louvre, plein de génie, puisse être incessamment exécuté. Je vois que vous êtes animé comme m. votre frère de l'amour du bien public et de la gloire de votre roi. Il n'appartient pas à un vieillard près de quitter le monde d'en dire davantage à celui qui ne s'occupe que de l'embellir.
J'ai l'honneur d'être avec respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire