17 juin 1745
Je n'ose vous supplier de m'envoyer quelques belles anecdotes héroïques; cependant il serait bien beau à vous de contribuer à faire durer mon petit monument, vous qui en élevez de si beaux.
On va faire une septième édition à Paris, et peut-être la fera-t-on au Louvre; elle est dédiée au roi; et la bonté qu'il a d'accepter cet hommage, met le sceau à l'authenticité de la pièce. Je voudrais en faire un ouvrage qui passât à la postérité, et dans lequel ceux qui seront nommés pussent dès à présent trouver quelque petit avant-goût d'immortalité. Je voudrais des notes plus instructives pour les vivants et pour les morts. Ne pourrais je point citer quelques services de m. de Lutteaux dans mon De profundis? N'y a-t-il rien à dire sur la poste d'Anthoin? Ne s'est il pas fait de belles et inconnues prouesses qui sont perdues, carent quia vate sacro? Que Bellone, s'il vous plaît, instruise un peu les muses: je vous serais tendrement obligé.
Adieu, Pollion et Tibulle, je baise votre myrte et vos lauriers.
V.