1750-03-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Jacques Dortous de Mairan.

Je suis venu pour avoir l'honneur de voir monsieur de Mairan, et je suis revenu pour le suplier de vouloir bien parler à M. le chancelier au sujet des feuilles que Freron et la Porte font imprimer au mépris du privilège du journal, et au mépris des loix qui deffendent qu'on imprime sans permission.

S'ils se bornoient à juger des ouvrages, il faudroit leur interdire une liberté qui ne leur apartient pas, mais ils vont jusqu'à insulter personnellement plusieurs citoyens; ils causent dans Paris un scandale continuel; ils excitent des querelles. Il est sans doute de l'équité de Monsieur le chancelier de réprimer une telle licence: et de sa prudence d'en prévenir les suittes. Je suis persuadé qu'il écoutera les sages remontrances d'un homme tel que M. de Mairan. Je luy en auray en mon particulier une extrême obligation.

Voltaire