Fernei, 30 janvier
Monseigneur,
Je me joins au cri de la nation contre un homme qui la déshonore. Un nommé Fréron insulte toutes les familles; il m'outrage personnellement, moi, mademoiselle Corneille, alliée à tout ce qu'il y a de plus grand en France, et portant un nom plus respectable que ses alliances.
Je suis la veuve d'un gentilhomme mort au service du roi; je prends soin de la vieillisse de mon oncle, qui a l'honneur d'être connu de vous. J'ai recueilli chez moi la petite nièce du grand Corneille, et je me suis fait un honneur de présider à son éducation. Ce n'est pas au nommé Fréron, dont on tolère les impertinentes feuilles, sur des points de littérature, à oser entrer dans le secret des familles, à insulter la noblesse, et à noircir publiquement, de couleurs abominables, une bonne action qu'il est fait pour ignorer. Sa page 164 est un libelle diffamatoire; nous en demandons justice, moi, mademoiselle Corneille, mon oncle, et un autre citoyen, tous également outragés.
Si cette insolence n'était pas réprimée, il n'y aurait plus de familles en sûreté.
J'ai l'honneur etc.