1748-10-12, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Madame de Pompadour a plus fait que la reine.
Elle me fait dire mon cher et respectable amy que L'infamie ne sera certainement point jouée. Je me flatte qu'étant déffendue à la cour, elle ne sera pas permise à la ville et que M. le duc Daumont insistera sur une suppression de cinq ou six années après la quelle il seroit bien odieux de renouveller un scandale qu'on a eu tant de peine à déraciner. J'ay écrit deux fois à M. le duc Daumont. Il s'agiroit de mettre mrde Maurepas dans nos intérêts? mais comment faire?

Pour réponse à touttes ces tracasseries, je vous enverray incessament un nouvau cinqèmeacte. C'est là le point principal. Madedu Chastellet vous fait mille compliments. Mes chers anges je travaille à mériter d'être toujours gardez par vous. Je ne sçai si j'en serai digne. Je remercie encor notre admirable et éloquent coadjuteur.

V.

Je reçois dans L'instant la lettre de madame Dargental, nouvaux remercimens, nouvel encouragement, nouvaux motifs de bien faire.

Mais empêchons la parodie à Paris comme à la cour. Il faut assurément ôter à la cabale ce misérable sujet d'un si honteux triomphe.