1746-05-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Antoine de La Place.

Je vous avois prévenu monsieur, quand j'ay reçu votre lettre en rentrant.

J'avois déjà été chez mrde Marville, et chez mrde Maurepas. Ne les trouvant pas chez eux j'ay laissé une lettre pour mrde Marville, et j'ay couru chez madela duchesse Daiguillon, amie de M. de Maurepas. Je luy ay exposé le ridicule et l'injustice de la saisie. Tout ce qui étoit chez elle en a été indigné. J'ay fait un petit mémoire que j'ay donné à madame Daiguillon. Elle ne doute pas du succez. Je vous conseille de L'aller remercier. Elle demeure au bout de la rue de l'université. Ce misérable poète Roy n'a jamais été si coupable et si odieux que quand il a été la cause de la méprise dont vous vous plaignez avec tant de raison. Le destin de ce monstre est comme sa nature de faire du mal, le mien sera de vous estimer, de vous être attaché, et d'être à vos ordres. Vous n'avez qu'à parler.

V.