1765-01-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Étienne Noël Damilaville.

Quelle horreur! quelle abomination! Mon cher frère, il y a donc en effet des diables! Vraiment je ne le croyais pas.
Comment peut on imaginer une telle absurdité? Suis je un prêtre? suis je un ministre? En vérité cela fait pitié. Mais ce qui fait plus de pitié encore, c'est l'affreuse conduite de J. J. On ne connaît pas ce monstre.

Tenez, voilà deux feuillets de ses lettres de la montagne, et voilà la lettre que j'ai été forcé d'écrire à made la duchesse de Luxembourg qu'il a eu l'adresse de prévenir contre moi. Je vous prie de n'en point tirer de copie, mais de la faire lire à m. d'Argental. C'est toute la vengeance que je tirerai de ce malheureux. Quel temps, grand dieu, a-t-il pris pour rendre la philosophie odieuse? le temps même où elle allait triompher.

Je me flatte que vous montrerez à Protagoras-Archimède la copie que je vous envoie. Je vous avoue que tous ces attentats contre la philosophie par un homme qui se disait philosophe, me désespèrent.

Frère Gabriel doit avoir envoyé une petite lettre de change payable à Archimède. Je verrai lundi les premières épreuves; il sera servi comme il mérite de l'être. Si vous voulez être informé de toutes les horreurs de J. J., écrivez à Gabriel, il vous en dira des nouvelles.