1748-06-27, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas René Berryer de Ravenoville.

Je pars dans l'instant monsieur pour Commercy, pénétré de vos bontez.
On m'a mandé que L'édition dont il y a quelques exemplaires à Paris est cachée à Versailles. Je la fais chercher. On m'en rendra compte à Commercy où je vais, et j'auray l'honneur de vous en instruire. On m'a dit que les éditeurs attendoient la représentation de Semiramis pour la joindre à ces douze volumes.

Permettez qu'en partant je remette la tragédie de Semiramis entre vos mains, et que je vous demande votre protection pour elle; on la représentera pendant mon absense. Je commence par la soumettre à votre décision, non seulement comme à celle du magistrat de la police, mais comme aux lumières d'un juge très éclairé. M. Crebbillon commis par vous à L'examen des ouvrages de théâtre a fait autrefois une tragédie de Semiramis, et peutêtre ai-je le malheur qu'il soit mécontent que j'aye travaillé sur le même sujet. Je luy en ay pourtant demandé la permission, et je vous demande à vous monsieur votre protection, m'en remettant à vos bontez et à votre prudence.

J'ay l'honneur d'être avec une reconnaissance respectueuse,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire