ce 25 [juin 1745] à Champs
Mon charmant amy, celuy des muses, celuy de la vertu, vous que je ne vois pas assez, et avec qui je voudrois toujours vivre, vous me donnez là un laurier dont je fais baucoup plus de cas que de tout ce que Maupertuis va chercher à Berlin, et de tout ce qu'on cherche à Versailles.
Le Roy saura qu'il y a dans son royaume des âmes assez belles pour joindre hardiment à son nom celuy d'un amy, il saura que mon cher Cideville atteste à la postérité que les bontez dont sa majesté m'honore ne sont pas un reproche à sa gloire. J'envoye à mr le duc de Richelieu ce beau monument que vous érigez au roy, à la nation, et à L'amitié. C'est un bel exemple que vous donnez à la littérature. Madame du Chastellet, qui vous est tendrement obligée, donnera son exemplaire à madame la duchesse de la Valiere, et il restera dans la bibliothèque de Champs. Nous en prendrons d'autres lundy à Paris, où nous comptons arriver sur les trois heures. C'est là que j'embrasseray celuy qui m'immortalize.
V.