1743-10-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Uriot.

J'ay été bien mortifié mon cher monsieur d'avoir reçu trop tard votre lettre, mais il en faut accuser mes courses continuelles.
Je vous ay recommandé de mon mieux en partant, mais vous savez qu'il faut parler souvent d'une affaire pour réussir. La vôtre me tient bien au cœur. Berlin est un séjour digne de tous les arts que vous cultivez. Je me flatte que j'aurai le plaisir de vous parler plus amplement à la Haye, où je retourne comblé des faveurs du Roy de Prusse et de la famille Royale. Ce Monarque daigna quand je pris congé de lui me faire présent d'une boete d'or dans laquelle il y avoit plusieurs médaillons d'or qui le représentent donnant la paix à ses sujets. C'est dommage qu'on m'en ait volé quelques uns à Magdebourg mais ses présents sont fort au dessous de ses bontez. Je voudrais bien monsieur que vous connussiez par expérience les uns et les autres. Je suis du meilleur de mon cœur

Votre très humble et obéisst serviteur

Voltaire