à la Haye, ce ²³⁄₂₄ juillet 1743
Je vis donc dans l'espérance que votre majesté aportera à Aix la Chapelle ses commentaires de Cesar; et je me flatte qu'il y aura mis un peu plus de particularitez que Cesar n'en a mis dans les siens. Après cette belle tragédie, nous aurons sire la farce de Jeanne dont j'ay volé quelques feuilles à cette gardienne sévère que j'ay laissée à Paris. Ce sera voir Giles après Baron. Pareille chose à peu près m'est arrivée aujourduy. J'ay vu partir à cinq heures du matin les gardes de leurs hautes puissances, j'avois vu il y a quelques années ceux de votre vraye puissance. Les premiers sont un peu Giles en comparaison de ceux de votre majesté. Ils se tiennent assez mal sur d'assez mauvais chevaux. Revenez sire sur Pegaze, venez oublier quelque temps à Aix la Chapelle dans le sein des muses les soins pénibles de la royauté.
J'ay bien des choses à dire à votre majesté. Je mettray mon cœur à vos pieds, elle verra s'il est possible que je passe ma vie auprès d'elle. Elle sera l'arbitre de ma destinée.
Bâtissez des forteresses et des villes, revenez boire l'immortalité à Aix la Chapelle. Ah si vous pouviez m'y honorer d'un petit portrait qui vous ressemblât comme deux gouttes d'eau? ne l'oubliez pas je vous en conjure mon adorable souverain!
V.