1745-09-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Moreau de Séchelles.

Vous avez à faire monsieur à un homme plus acharné à célébrer votre gloire que les Anglais ne le sont à la détruire.
Je ne me borne pas à vous réitérer mes très instantes prières de daigner me fournir des mémoires. J'en demande au secrétaire de M. le duc de Cumberland, et je vous suplie de luy faire passer cette lettre. S'il fait une réponse il vous l'adressera. Mais monsieur c'est de vous surtout que j'attends une réponse dans les moments libres que vos occupations pouroient vous laisser.

Voyez si vous ne pouvez point me faire savoir quelques particularitez dignes de la postérité sur l'escalade de Prague, sur la retraitte, sur tout ce que vous savez, sur tout ce qui peut faire honneur à la nation. Je vous suplie de regarder mon ouvrage comme une partie de votre département. Je vous en conjure en qualité de bon citoyen, et au nom des services que vous rendez. Vous connaissez monsieur les tendres et respectueux sentiments avec les quels je serai toute ma vie

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire