[August/September 1743]
. . . admis à la dictature, le mémoire présenté il y avoit un mois contre l'empereur par la reine de Hongrie, et qu'il souhaitoit que le collège des princes pût s'adresser à sa majesté prussienne comme roy de Prusse et non comme électeur, pour soutenir leurs droits, que cette union des princes avec ce monarque en amèneroit infailliblement une autre en faveur de l'empereur.
Il me confirme dans l'idée où j'étois d'ailleurs que si l'empereur signifioit sérieusement au roy de Prusse qu'il va être réduit à se jetter entre les bras de la cour de Vienne et à concourir à faire le grand duc roy des Romains, cette déclaration pouroit précipiter l'effet des bonnes intentions toujours indécises du r. de P., et mettre fin à cette politique qui luy a fait envisager son bien dans le mal d'autruy.
L'on me dit qu'on commence à redouter en Allemagne le caractère inflexible de la reine de Hongrie et la hauteur du grand duc, et que vous pourez profiter de cette disposition des esprits.
Oserais-je vous soumettre une idée qu'un zèle peutêtre fort mal déclaré me suggère? On m'a fait promettre d'aller faire un tour à Vitemberg, à Anspach, à Bareith, en Saxe, à Brunswick, à Berlin. S'il se pouvoit faire que l'empereur me chargeât secrettement de lettres pressantes aux princes dont il espère le plus, et que je pusse montrer au roy de Prusse les réponses décisives de ces princes qui n'attendroient que lui pour se déclarer, ne pouroit on pas pousser àlors le roy de Prusse dans cette association, que tous ces princes auroient en quelque sorte déjà signée? et qu'il m'a dit si souvent qu'il désiroit.
On sauroit du moins alors à quoy s'en tenir certainement sur le R. de P. et s'il abandonnoit la cause commune ne pouriez vous pas à ses dépens faire la paix avec la reine de Hongrie? Vous ne manquerez de ressources ny pr la paix ny pour la guerre.
A mon passage à la Haye j'ay été témoin que le ministre du roy de Prusse à parlé très fortement à des membres de la régence en faveur de la paix, il a été jusqu'à déclarer au pensionaire d'Amsterdam que le roy son maître seroit obligé de prendre des mesures efficaces. S'il veut continuer et si les Hollandais vous craignent, je ne seroit pas étonné que vous eussiez la paix cet hiver à moins que les affaires d'Italie n'y mettent obstacle.
J'ay vu deux jours à la Haye le comte de Stairs et plusieurs Anglais de mérite. J'ay apris d'eux qu'il y a un party très considérable qui désire la paix, que deux cent membres du parlement se sont déjà associez. L'un des chefs de ce party est mr Dodington. Je le connois bien, c'est un homme de baucoup d'esprit, actif, et difficile à gagner par la cour . . . .