1743-05-05, de Agnan Philippe Miché de Rochebrune à Claude Henri Feydeau, comte de Marville.

Monsieur,

Je viens de recevoir la visite du sieur Didot, libraire, quai des Augustins, qui m'a déclaré que l'on vendois depuis quelques jours le Voltaire pour lequel lui et le sieur Barrois ont esté arrestés et conduits au for-l'Evesque.
Comme le débit de ce livre pourroit l'impliquer et faire croire qu'il a quelque part dans la vente qui s'en fait chez la Veuve Sansons, libraire, qui demeure à côté de sa porte, cela l'a porté à venir m'en faire la déclaration dans la crainte où il est de ne pouvoir avoir l'honneur de vous en parler à cause de vos pénibles occupations et de vous suplier d'avoir la bienveillance d'interposer votre autorité pour vous faire rendre Compte de qui la Veuve Sansons tient les Exemplaires de ce livre.

J'ai l'honneur d'Estre avec un dévouement sans réserve et le respect le plus profond,

Monsieur,

Votre très humble et très obéissant serviteur

De Rochebrune