1740-08-02, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Mon Cher Voltaire, J'ai reseu trois de Vos lettres dans un jour de trouble, de Cérémonie, et d'enuis, je vous en suis infiniment obligé; tout ce que je puis Vous répondre pour Le présent est que je remets le Machiavel à Votre Disposition et je ne doute point que Vous n'en useréz de façon que je n'aye pas lieux de me repentir de la Confiance que je mets en Vous, ainsi faites Imprimér ou non, je me repose entièrement sur Mon cher Editeur.

J'écriraià Madame Du Chatelet en Conséquence [de ce] que Vous désiréz; à Vous parlér franchement [touchant] son Voyage, c'est Voltere, c'est vous, [c'est mon ami] que [je] Désire de Voir, et La Divine [Emilie, avec tou]te sa Divinité n'est que L'accesoire De L'Apollon Neutonianisé.

Je ne puis Vous dire rien de sur si je Voyagerai ou si je ne voyagerai pas. Aprenéz mon Cher Voltere que Le Roy de Prusse est une girouete de Politique, il me faut L'Impulsion de certains Vents favorables pour voyagér ou pour Dirigér mes Voyages. Enfin je me Confirme Dans Les Sentimens qu'un Roy est mille fois plus Malheureux qu'un particuillér, je suis L'esclave De la fantaisie de tant d'autres puisences et je ne peux jamais touchant ma personne ce que [je] veus; arive cependant ce qui poura je me [flatte] de Vous Voir. Puissiéz vous être uni à jamais [à] mon bercail?

Adieux cher ami, [esprit sublime] premiér Né des Etres pensants, aiméz [moi toujours] sincèrement et soyéz persuadé qu'o[n ne saurait] vous aimér et vous estimer plus que je fais. Valé.

Federic