à Potzdam, ce 20 d'Aut 1743
Je ne suis arivé ici que depuis deux jours où j'ai trouvé trois de Vos Lettres.
Je plains Ceux qui ont le malheur de Vous ofencér car avec quatre hémistiches vous les rendéz ridicules ad siecula Cieculorum.
Je ne Vais point à Aix Come je me l'étois proposé. Vous savéz que j'ai L'honeur d'être un athome politique, et qu'en cette qualité Mon estomac est obligé de Dépendre des Combinaisons Des affaires Européanes, ce qui ne l'acomode pas toujours.
Il me semble Mon chér Voltaire que Vous êtes un peu dans le goût de la girouete du Parnasse, et que Vous ne Vous êtes décidé sur le parti que Vous avéz à prendre. Je ne Vous Dis rien là dessus car je Dois Vous paraitre suspect en tout ce que je pourois Vous dire.
Le Tableau que Vous me faites de la France est fort peint en beau. Vous me diréz tout ce qu'il Vous plaira mais une Armée qui fuit trois en de suite et qui est batue où elle se présente ce n'est assurément pas une Multitude de Cesars ni D'Alexandres: et Vos Français tuéz à Detlingen dont Vous Vous glorifiez tant L'ont touts été par derière à ce qu'ont remarqué ceux qui ont exsaminé les Mors sur le Champ de battaille.
Divertisséz L'Europe Nation charmante, gaie, et fole, mais ne penséz point d'en être respectéz, Vous qui fujéz devans La Nation la plus abjecte de la Hongrie et qui Couréz devans une poignée d'home qui ne sont que les débris d'une armée ruinée par les Turcs et par les Prussiens.
J'atans à Vous écrire plus Amplement que je sache si peutêtre Vous Viendréz ici ou quel parti Vous prendréz.
Je ne suis point peint, je ne me fais point peindre, ainsi je ne puis vous donér que de mes Médailles. Valé.
Federic