1742-09-06, de Frederick II, king of Prussia à Voltaire [François Marie Arouet].

Federico Virgilio salut.

Je suis arivéz ici dans la Capitale de Charlemagne et enmême tems de tout les hipocondres.
On m'a envoyé de Paris une lettre qui Court sous votre Nom, et qui soit de quel auteur qu'Elle puise être Mériteroit d'être sortie de Votre Plume. Elle à fait ma Consolation dans un païs, où il n'y a guerre de sosiété, où l'on boit les eaux du Stix, et dans Le quel La charlatanerie des Médecins étant sa Domination jusque sur L'esprit. Je Voudrois que les Français pensasent touts come L'auteur de Cette Lettre, et que Leur fureur partialle devint plus équitable pour les étrangers, je Voudrois enfin que Vous Usiéz fait cette L'etre et que Vous Me L'usiéz envoyée. Mais qu'ay je besoin de Vos lettres? L'auteur est dans le Voisinage et si Vous Veniéz ici Vous ne devéz pas doutér que je préfère infiniment le plaisir de Vous entendre à celui de Vous lire. J'espère de Votre politesse que Vous Voudréz me faire cette galantrie et M'aportér en Même tems ce Mahomet proscrit en France par Les bigots, et œcuménisé à Berlin par les Philosophes.

Je ne prétens point Vous en Dire Davantage et j'espère que Vous Viendréz ici pour entendre tout ce que mon estime peut avoir à Vous Dire. Adieu.

Federic