1738-08-06, de Frederick II, king of Prussia à Nicolas Claude Thieriot.

Monsieur Tiriot, Voici La réponce que Vous Voudréz faire tenir avec vostre Diligence ordinaire ou extraordinaire à Monsieur D'Artigni, j'espère et me flate que Vous en auréz soin et que Vous contribueréz de ce qui dépent de Vous pour accellerér cette petite Corespondance.
Vos fromages sont arivéz bien Conditionéz. On marque qu'il y a eu encore une Caisse àpart outre Ces fromages, que je suposse perdue puis qu'elle n'est point arivée. Mandez moi dumoins ce qu'elle contenoit pour me consoler de sa perte.

Je suis affamé de tout ce qui sort de La plume de Voltaire ou ce qui peut avoir raport à sa perssone, envoyéz moi tout ce que Vous pouréz trouvér sur son sujet et tout ce qui paroitera de Nouveaux.

Les Vers de Mons: le Franc ne Vous en déplaisse sont d'un ennuÿs assomant. J'ai baillé si souvent en Les Lissant que je n'ai peu parvenir jusqu'à La fein. Cet honet hom͞e feroit bien de plaidér et de f:tre le Con du Parnasse. Je suis charmé de ce qu'il y est du moins un homme raisonable en France qui conoisse et estime Le mérite supérieur du Digne Voltere, j'aime mons. de Meaupertus pour L'amour de ses sentiments. Quant Vostre Légère Nation voudra t'elle se donnér La peine de Conoitre Le grand hom͞e qu'elle posède et que je Lui envie si cordiallement?

Informé moi s'il Vous plait de ce que fait mons. de Montesquiou, et quel Démon jalou de sa réputation L'empêche d'écrire.

Envoyez moi Le Compte des Dépenses que Vous avéz faites pour L'achat des Livres pour qu'on vous rembourse promptement, j'ai perdu Vostre mémoire.

Je suis Monsieur Tiriot,

Vostre très affectioné

Federic