au Camp de Molvitz ce 13 de May 1741
Les gazettes de Paris qui vous disoyent à L'extrêmité et madame du Chatelet ne boujant de votre Chevet m'ont fait tremblers pour Les jours d'un homme que j'aime Lorsque j'ai vû par Votre Lettre que ce même homme est plain de vie et qu'il m'aime encore.
Ce n'est point mon frère qui a été blessé, c'est le pr: Guillaume mon Cousin, nous avons perdûs à cette heureuse et Malheureuse journée quantité de bons sujets, je regrette tendrement quelques amis dont la mémoire sera Imortelle dans mon cœur; La Chagrin des amis tués est L'entidotte que La providence â daigné joindre à tout les heureux succéz de La guerre, pour tempérér La joye imodérée qu'exsitent Les avantages remportéz sur les enemis, Les Regrets de perdre de braves gens est d'autans plus sensible qu'on doit de La reconoisance à leurs Mânes sans pouvoir jamais s'en aquitér.
La situation où je suis m'amènera dans peu mon chér Voltere à risquér des Nouveaux hazards, puisqu'après avoir abattû un arbre il est bon d'en détruire Les racines pour empêchér que des rejetons ne Le remplacent avec le tems. Alons donc Voir ce que nous pouvons faire à L'arbre dont Mons: de Neuperg doit être regardé comme la Sève.
J'ai vû et beaucoup entretenû Le maréchal de Belisle qui fera dans tout paÿs ce qu'on appelle un très grand homme, c'est un Neuton pour le moins en fait de guerre autant aimable dans La Sosiété qu'inteligent dans Les affaires, et qui fait un honeur infini à La France sa Nation et au Chois de Son Maitre.
Je souhaite de tout mon coeur de m'atendre que des bonnes Nouvelles de Votre part, soyéz persuadé que personne ne s'i intéresse plus que
Votre fidelle ami
Federic