1739-03-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Claude Adrien Helvétius.

Vous êtes une bien aimable créature, voylà tout ce que je peux vous dire mon cher amy.
On me mande que vous venez bientôt à Cirey. Je remets à ce temps là à vous parler des deux leçons de votre belle épître sur L'étude. Vous pouvez de ces deux dessins faire un excellent tablau avec peu de peine. Continuez à remplir votre belle âme de toutes les vertus et de tous les arts. Les femmes pensent que vous vous devez tout à l'amour. La poésie vous revendique, la géométrie vous offre des x x, L'amitié veut tout votre cœur, et messieurs des fermes voudroient aussi que Vous ne fussiez qu'à eux. Mais vous pouvez les satisfaire tous à la fois. Mettez moy toujours mon cher amy au nombre des choses que vous aimez, et dans votre immensité n'oubliez point Cirey qui ne vous oubliera jamais. Est il possible que vous ayez daigné allé chez St Hiacinte! Vous profanez vos bontez. Je ne sçais comment vous remercier.

V.