ce 17 [August 1737]
En réponse à vos dernières du 9 et du 14.
J'ay reçu mon cher abbé la rescription de 2400, et j'attends les caisses qui doivent arriver par Bar sur Aube.
Je ne savois point la commission établie pour la liquidation des dettes de Mr de Guise. Tout ce que je sçai, c'est que l'on doit abolument poursuivre cette affaire par les voies que Le roy a ouvertes. Je ne veux pas que l'on reçoive rien de Mr de Guise. Il faut s'adresser à Mr de Machaut ou à son secrétaire. Je vous prie très instament de parler ou faire parler à l'un et à l'autre.
Il faut représenter que j'ay prêté mon argent comptant, qu'une rente viagère doit être sacrée, qu'on m'en doit trois années, que Mr le prince de Guise m'a toujours caché l’établissemen de cette commission, en un mot après avoir représenté mon droit et la lézion que je soufre, vous me manderez la réponse, et vous agirez comme il conviendra en justice. Je ne crois pas qu'une commission établie par le roy soit établie pour frustrer des créanciers. Au contraire je me flatte surtout que les rentes viagères doivent estre exceptées des lois les plus favorables aux débiteurs de mauvaise volonté.
Il faut surtout savoir si cette commission regarde les rentes viagères, si elle n'est point établie pour la liquidation des biens de feu madame de Guise.
Il se peut très bien encor que malgré cette commission on puisse saisir entre les mains des fermiers généraux sauf à raporter cette saisie à la commission. Je vous suplie mon cher abbé de m'instruire à fonds de tout cela.
A l’égard de 12000lt qui nous restent, nous les employerons bientôt.
C'est la table des 30 tomes de l'histoire française de l'académie des sciences par mr de Fontenelle que j'ay toujours demandée, et il faut bien qu'on la vende à part, puisque cette table n'a été imprimée qu'après ces 30 tomes, et que depuis ces 30 tomes on en a encor 5. Certainement il y a cinq ans que ceux qui avoient ces 30 tomes ne pouvoient avoir la table.
Si vous voyez celuy qui vous a fourni nos termomètres je vous prie de luy dire que l'huile bouillante a fait peter un de ces instruments, non pas par ce que la boule s'est cassée mais par ce que la liqueur du termomètre en bouillant elle même s'est élevée et a cassé le haut du tube.
Dites luy qu'il est triste qu'on ne puisse avec ces termomètres d'esprit de vin connaître les diverses chaleurs des différentes liqueurs bouillantes et qu'il devroit faire des termomètres de mercure pareils à ceux de Fahenreit. Je ne peux que très dificilement faire mes expériences avec ceux de Mr de Reaumur.
De plus l'esprit de vin dont on se sert n'est peutêtre pas le même dans tous les termomètres. Quand il seroit le même, il se raréfie toujours inégalement, et par sauts. Enfin l'esprit de vin bouillant plus vite et plus aisément que toute autre liqueur, ne peut guère servir de mesure au degré de chaleur de ces liqueurs. Le mercure au contraire, est de tous les fluides celuy qui bout le plus lentement, et comme le bouillonement est toujours le dernier degré, le terme de la plus grande chaleur d'un fluide, le mercure qui bout si difficilement [. . . bien] à connaître les degrez de chaleur des autres fluides qui bouillent plus vite. Si cette personne peut faire des termomètres de Fahenreit il rendra service à la phisique.
Je vous prie de continuer à rendre service à mes affaires, en pressant l'affaire de mr de Guise, en vs arrangeant avec l'intendant de mr de Richelieu, en n'abandonnant point celle de mr de Leseau, en faisant assigner Dumoulin au mois de septembre. Adieu mon très cher abbé. Notre chimiste se moque du monde.