1737-07-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

En réponse à votre lettre du 12, faites partir votre homme mon cher abbé sur le champ à 50 sous par jour.
Il ne faut que cinq jours tout au plus, et c'est à condition qu'il ne luy sera payé que cinq jours pour aller et 5 jours pour revenir.

La route est de Paris à Troyes, de Troye à Bar sur Aube, de Bar sur Aube à Cirey. Il n'a qu’à suivre toujours le grand chemin jusqu’à Bar sur Aube, avec sa perruche, ses serins et ses termomètres. Si vous pouvez le charger de la montre à répétition vous ferez une affaire dont je seray bien satisfait.

Voyez je vous prie si parmy les livres qui me restent il n'y a pas deux tomes d'Ephemerides de mr de la Hire et de Cassini qui font corps avec les volumes de L'académie que j'ay, en ces cas je vous suplie de me les envoyer. J'oubliois encor de vous parler du bon homme de chimiste que vous nous proposez. Il devroit prendre Le party de venir icy, il y seroit d'une liberté entière, pas mal logé, bien nouri, il faudroit qu'il dit la messe les dimanches et les fêtes dans la chapelle du châtau. Je vous prie de me mander au plustôt sur quoy on peut compter.

Je reviens encor à nos termomètres. On vous a dit que des liqueurs fortes dans les quelles on plonge le termomètre, le font monter. Je vous jure qu'il n'en est rien, et qu'il n'y a aucun corps dans la nature qui exposé long temps à un air égal, fasse la moindre impression sur le termomètre. De l'eau et de l'esprit de vin, de l'eau forte et de l'huile, laissent le termomètre comme ils le trouvent. Dites cela je vous en prie à votre homme.

On vient de me donner une autre route pour Cirey, celle cy est la plus courte.