ce 25 au soir [July 1737] partira le 26

En réponse à la vôtre du 22.

J'attends donc mon cher amy l'homme de pied que vous m'envoyez avec les termomètres etc.

Je vous renvoye votre billet de m^rs de la Rue avec mon blanc seing.

Voicy la disposition que je fais de mon argent. Vous aurez la bonté de m'envoyer deux cent cinquante louis d'or dont j'ay besoin. Vous pouriez mettre cette somme dans une caisse avec la pierre d'aiman que vous me destinez, et quelques livres; entre autres le tome de l'académie des sciences qui contient la table de 30 volume, les deux derniers tomes de l'histoire des hommes illustres dans la république des lettres par le père Niceron, six crayons de bois, c'est à dire de ces crayons de poche, huit de mes estampes montées, deux Henriades reliées, six pitons dorez d'un pouce de haut, deux claviers, le tout bien empaqueté et bien recomandé au coche de Bar sur Aube arrivera à bon port.

Je joints icy pour ne rien négliger la petite liste de ce qui doit entrer dans cette caisse.

A L'égard du reste de l'argent, une partie servira à payer le s^r Hebert. L'autre partie sera mise en actions.

Voicy un petit mot de lettre pour m^r Tanevot. Votre frère luy enverra la lettre, il luy mandera, qu'il attend ses ordres au sujet de L'ordonance, et il fera ce que m^r Tanevot luy prescrira sur cet article, et lors qu'il s'agira d'être payé au trésor royal, si c'est à m^r Paris qu'on s'adresse, il payera 500^lt à m^r Paris qu'il assurera de mon attachement et de ma reconnaissance, et retirera mon billet des mains de m^r Paris.

Je vous prie de vous informer s'il suffit d'un simple certificat de vie pour que L'on reçoive mes rentes de la ville, et s'il faut que j'envoye ma signature en parchemin pour ma pension, ou s'il suffit de la signature de la personne chargée de ma procuration.

A L'égard de la personne qui doit venir à Cirey pour y cultiver son talent de chimiste à son aise, il faudra absolument qu'il dise la messe, c'est la condition sans laquelle on ne peut se charger de luy. Je luy donneray cent écus par an, et je travaille à le bien loger, mais je ne peux rien faire de plus. Il peut aporter tous ses instruments de chimie. S'il a besoin d'argent vous pouvez luy donner un quartier d'avance à condition qu'il partira sur le champ.

Il faut l'instruire qu'on mange très rarement avec madame la marquise dont les heures ne sont pas trop réglées, mais il y a la table de m^r le comte du Chastelet son fils, et d'un précepteur homme d'esprit servie régulièrement à midy et à huit heures. M^r du Chastelet le père y mange souvent, et quelquefois nous soupons tous ensemble. D'ailleurs on jouit d'une très grande liberté. On ne peut luy donner pour le présent qu'une chambre et une antichambre.

S'il partoit bientôt, il pouroit m'aporter la caisse. Aureste mon cher abbé je suppose que cet homme est sage puisque vous me le proposez.

Je vous suplie de ne pas manquer d'envoyer une Henriade bien reliée à m^r Tanevot.

Adieu, je vous embrasse tendrement.