1737-08-05, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

En réponse à la vôtre du 3, je vous prieray mon cher abbé de demander à votre homme aux termomètres si les siens, sont faits sur les principes de Mr de Reaumur et s'ils correspondent avec ceux de mr de Reaumur car ces instruments ne sont agréables qu'autant qu'ils sonnent la même octave.

Il faudroit m'envoyer une livre de mercure, et des tuyaux de baromètre faits pour la planche graduée que vous m'avez envoyée, avec la manière de les emplir de mercure.

Il y a un livre des expériences de Poliniere, nouvelle édition, que je vous prie d'envoyer aussi, le tout dans le ballot qui arrivera avec le chimiste ou avant luy.

Je vous prie de me dire le nom de ce chimiste, car encor faut il savoir son nom.

On a très mal fait de se reposer sur la parole positive du prince de Guise. Les paroles positives des princes sont des chansons, et les siennes sont pis. Il faut absolument luy écrire, et quelque temps après faire saisir sur les fermes générales.

Il ne coûte pas grand'chose d’écrire aussi de temps à autre à l'intendant de Mr de Richelieu. Vous me ferez plaisir de m'envoyer les factums pour et contre, sur son afaire.

Un petit mot encor à mr de Leseau je vous en prie. Il faut que Mr votre frère luy demande positivement dans quel temps et sur quels effets, il prétend me payer, après quoy il faudra agir.

Je ne crois pas que mrs de la Rue refusent 300 louis en or sur une somme de 20000lt. Il faut tâcher de les y engager.

Je vous suplie de presser encor Hebert, de la part de madame du Chastelet, et de l'assurer que L'argent est au bout.

Je vous embrasse tendrement.