ce 29 [June 1737]
Je reçois mon cher abbé le paquet de mr Pitot, et votre billet du 26.
Mr Bronod doit enfin avoir donné l'argent.
J'attends toutes les choses que je vous ay demandées, secrétaire, bâton ferré, fragments de glace, ballets de plume, poudre à poudrer, essence, gibecière, etc., les livres de l'académie.
A L’égard des miroirs concaves, il m'en vient un d'ailleurs. Pour les termomètres et baromètres voicy ce qu'il faudroit faire, m'envoyer les verres, et la monture, bien conditionez, les liqueurs, et le mercure à part, avec un petit mémoire de la manière de mettre le mercure dans les tubes, et de les fermer ensuite hermétiquement. Cela n'est pas difficile, mais il faut s'adresser à un homme très entendu.
Je vous ay déjà donné des instructions philosophiques pour le sr Geofroy. Il s'agit de savoir s'il atribue au feu seul l'augmentation du poids de ce plomb calciné, si on a pesé la terrine avant et après, si on a pesé la ceuillier ou spatule avec la quelle le plomb a été remué, si on a pris les mêmes précautions dans l'expérience faite au miroir ardent.
On m'a assuré que le sr Boulduc, savant chimiste, a fait de son côté des expériences qui tendent à prouver que le feu n'augmente point la pesanteur des corps. Il s'agiroit d'avoir sur cela une conversation avec mr Boulduc. Il y a encor un monsieur Grosse qui je croi demeure chez mr Boulduc. C'est un chimiste très intelligent et très laborieux. Je vous prie de demander à l'un et à l'autre ce qu'ils pensent des expériences du plomb calciné au feu ordinaire, et des matières calcinées au feu des rayons réunis du soleil par le verre ardent.
Ayez la bonté de m'envoyer un résultat précis de leur opinion. Ils se feront un plaisir de vous parler. Mais surtout qu'ils ne se doutent pas que vous agissez pour moy.
Voicy une autre affaire. La lettre de change cy jointe vous instruira du fait.
Il faut trouver quelque banquier honnête homme, mr de la Rue par exemple, ou tel autre de connaissance, luy demander ce que dix mille cent cinquante florins argent courant au mois d'aoust produiront argent de France à Paris à peu près; et s'il croit que cela puisse aller à plus de vingt mille cinq cent livres. Il n'a qu'a envoyer la lettre de change à ses correspondants à Amsterdam pour se faire payer du sr Jacques Ferrand, après quoy il vous remettra L'argent à Paris.
En attendant voicy une lettre que je vous prie de faire mettre à la poste pour le sr Jacques Ferrand. Vous verrez par cette lettre que Le Banquier à qui vous vous adresserez ne doit faite nulle difficulté de mettre son nom luymême dans ma lettre de change, attendu que j'en donne avis à celuy sur qui je tire. Voylà bien du verbiage. Je vous embrasse.
Voicy un modèle de la lettre qu'il faut écrire au prince de Guise.