23 juin [1737]
En réponse à votre lettre du 19, je vous envoye un petit modèle de lettre que mr votre frère écrira à mrle comte de Goesbriant.
J'y joints un modèle pour le p. de Guise, et mr de Leseau.
Vous ferez d'ailleurs mon cher amy tout comme il vous plaira avec l'agent de cette honnête banqueroute. Je crois qu'il n'y a qu’à attendre. Mr le c. de Goesbriant est un honnête homme, et son père n'est pas éternel.
Pour les petits miroirs concaves je viens d'en trouver à Chaumont. J'ay fait mon expérience qui a assez bien réussi. Ainsi plus de petits miroirs. Je vous suplie seulement de vous informer ce que coûtera le plus grand miroir concave et le plus grand verre ardent convexe des deux côtez. Bien entendu que vous les éprouverez avant de les acheter. Ce sont là je croi des commissions plus amusantes que celle de se mettre au marc la livre avec les créanciers de mr de Goesbriant.
Pour faire une expérience plus singulière, je voudrois avoir des fragments de glace de toutte figure de toute grandeur, doublées de tain, ou non doublées, et j'en voudrois la valeur de 6 pieds quarrez. Des cassures de miroir ne doivent pas je pense coûter cher. Envoyez moy un bon ballot de ces guenilles je vous en suplie, le plus promptement que vous pourez.
Vraiment ouy je veux toutes les pièces qui ont concouru pour les prix de l'académie des sciences.
J'attends aussi mon arme campagnarde, mes terrines, mes retortes de verre, mes creusets, mon petit secrétaire, Le résultat de la conversation avec Geofroy, etc.
Je compte qu'Hebert a ses 50 louis, et qu'il fait travailler à force.
Je vous prie de vous souvenir que les 1000lt de du Moulin sont exigibles au onze de ce mois, et qu'il faut luy faire comandement.
Je me recomande aussi à mr Paris de Montmartel. Je vous enverray mon certificat de vie au premier juillet. Il servira pour recevoir cette pension et 18 mois de la rente viagère.
L'accomodement entre mr de Richelieu et moy pour l'affaire de Bouillé Ménard doit se conclure d'autant plus promptement, que Mr de Richelieu par cet arrangement ne me paye que dans un an, et sans bourse délier, une année qu'il me doit de ma rente.
Mais surtout je vous prie de bien insister sur une délégation qui procure doresnavant un payement certain et périodique de cette rente de 4000lt qui est la plus considérale que j'aye. La vie est courte et Salomon dit qu'il faut jouir.
Je me recomande toujours à votre tendre amitié, et à votre discrétion.
Je vous prie de me faire chercher une jolie gibecière avec ses apartenances, martau d'armes, tirebour etc. le tout emballé avec le reste au coche.
Je ne vous donnerois pas ces commissions là, si je n'y ajoutois le correctif de les faire par qui il vous plaira. Ne vous gênez jamais sur ces détails. Il faut que nous soyons à n[otre a]ise l'un avec l'autre.
[J]e vous embrasse tendrement.