1738-09-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

J'ay été si mal, mon cher abbé, et je suis encor si faible que je ne peux écrire à personne mais Le peu de force que j'ay, je l'employe à vous écrire, à vous uniquement.

Je vous seray très obligé de faire finir les affaires de Mr Dauneuil, et de Mr de Richelieu.

A L'égard de mr Dauneuil, délégation sur ses maisons, c'est à dire signification des contracts aux locataires, avec une lettre d'avis et de politesse à mr Dauneuil finira tout.

Un petit mot de la part de mon fondé de procuration à Mr le duc de Richelieu fera merveilles.

Monseigneur, étant prest à aller en campagne pour longtemps, et ne restant à Paris que pour finir l'affaire qui est entre vous et m r de Voltaire qui m'a chargé d'une procuration entièrement conforme à vos intentions, j'attends avec impatience vos ordres pour m'y conformer et partir.

Si vous l'engagez à écrire cette lettre, je ne doute pas que Mr de Richelieu ne finisse bientôt.

Je vous prie aussi de finir l'affaire de de Moulin qui devroit déjà avoir donné de l'argent comptant et des lettres de change sur une personne solvable comme vous l'avez mandé.

Un nommé mr le Rats de Lanthené demeure chez luy, c'est cet ingénieur qui m'avoit demandé de l'argent à emprunter sur le débit d'un livre de géométrie qu'il vient de faire. Il m'a envoyé son livre. Je vous prie de savoir s'il a reçu les Elémens de Neuton, et en cas qu'on ne luy en ait point envoyé ayez la bonté de luy en faire donner un de ma part en l'assurant que l'argent qu'il demandoit il y a deux mois étoit tout prest, mais qu'on a cherché son logis inutilement.

Un graveur nommé Fessard vient de m'écrire. J'aime autant que ce soit luy qui me grave qu'un autre. Envoyez le chez Praut, et mettez les aux mains.

Mademoiselle du Perron de Vassyà qui mr le ch. de Mouhi envoyoit ses nouvelles vient de luy mander qu'on va passer L'automne à plusieurs campagnes différentes, et qu'on le prie de cesser ses nouvelles.

Je vous prie Mon cher abbé d'envoyer au sr Praut ce petit écrit, et de le retirer avec réponse en marge.

J'ay reçu la caisse où étoient quelques livres de Dupuy et de Praut. Je vous remercie bien tendrement de tous vos soins.

Une petite caisse platte contenant un miroir est partie à votre adresse. C'est pour faire changer la glace qui est sombre contre une plus claire; ou pour la remettre au tain si on aime mieux.

Adieu mon très aimable correspondant.