Ma confiance et la bonté de mon cœur fait souvent que je me fie à des fripons.
Un homme de lettres aussi occupé que je le suis, n'a pas le temps de prendre des précautions contre la perfidie et la mauvaise foy. Mais quand on me force enfin de m'apliquer à soutenir mes droits on trouve alors un homme avec le quel il faut compter.
La Bauche avoit refusé tous les accommodements avantageux que luy avoit proposez votre frère. Je l'ay fait condamner aux consuls tout d'une voix. Elle m'a demandé pardon publiquement, et m'a payé en présence des juges un argent que je lui aurois abandonné si elle avoit voulu entendre raison.
J'auray la même justice de Jore et comme il est plus fripon, j'auray une justice plus sévère.
Vous y êtes intéressé d'autant plus que vous vous trouvez compromis dans le seul titre qu'il prétende avoir contre moy, et qu'il abuse de votre nom.
Mr Dargental m'a conseillé de pousser l'affaire. Mr Rouillé aprouve, et protège ma fermeté. J'en ay écrit à mgr le garde des sceaux. Je vous rends compte de touttes mes démarches. Mon amitié soufriroit si je faisois un pas qui vous fût caché.
Mes respects à Pollion.
ce vendredy [? 8 June 1736]