1736-06-03, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Frédéric Phélypeaux, comte de Maurepas.

Monseigneur,

Vous verrez par le mémoire cy joint, à quel point les hommes sont méchants, combien un homme de lettres est malheureux et combien j'ay besoin de votre protection.

Jore a été déjà convaincu de mille friponeries. Il est de Rouen. On peut sans injustice le faire sortir de Paris.

Vous voyez que c'est un homme qui a la fureur de se dénoncer coupable, pour me perdre.

M. le garde des sceaux est déjà instruit de l'affaire.

Je n'attends ma sûreté, et un juste apuy contre le procédé affreux de Jore que de vos bontez. Voyez monseigneur ce que vous pouvez faire dans cette occasion pour un ancien serviteur qui vous sera attaché toutte sa vie avec la plus vive reconnaissance.

Je suis avec un profond respect

Monseigneur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire