1736-03-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à Nicolas Claude Thieriot.

Je reçois votre lettre.
Je vous prie de me faire avoir les nouvelles à la main,

et de dire à mr Lefranc tout ce que vous pourez de mieux. On luy impute pourtant les sauvages.

Je vais corriger encore Alzire et les epîtres.

Je vous prie d'ajouter à touttes les marques d'amitié que vous devez à la mienne, et à vingt ans d'une tendresse réciproque, l'attention de faire respecter cette amitié. Nous ne sommes plus ny l'un ny l'autre dans un âge où Les termes légers et sans égard puissent convenir. Je ne parle jamais de mr Tiriot que comme d'un homme que j'estime et que je considère autant que je l'aime. Mr de Fontenelle n'avoit point d'amitié pour Lamotte mais pr mr de Lamotte. Cette politesse donne du relief à celuy qui le met à la mode. Les petits mtres de la rue st Denis disoient la le Couvreur, et le cal de Fleury, disoit melle le Couvreur. On seroit très mal venu à dire devant moy Tiriot. Cela étoit bon à vingt ans.

Mr Marivaux ne sait pas à quoy il s'expose. On va imprimer un recueil nouveau de mes ouvrages où je metray ses ridicules dans un jour qui le couvrira d'oprobre.