1720-05-26, de Claude Brossette à Jean Baptiste Rousseau.

. . . Vous avez su que l'Artémire de m. Arouet de Voltaire était tombée dès la première représentation à n'en jamais relever.
J'avois prédit à l'Auteur que cette Tragédie, dans laquelle il n'étoit soutenu que par son seul génie, n'auroit pas la destinée de son Œdipe; c'est trop d'ouvrage à la fois, surtout pour un jeune homme, que d'avoir à inventer la fable, les Caractères, les sentiments et la disposition, sans parler de la versification. Mais à propos d'Œdipe . . . , un jour, Mr de Fontenelle, avec cette politesse que vous lui connoissez, disoit à Mr de Voltaire que sa tragédie étoit fort belle, mais que sa versification étoit trop forte et trop pleine de feu. Mr de Voltaire lui répondit, qu'il feroit son profit de cette critique, et pour apprendre, dit-il, à me corriger, je m'en vais lire vos pastorales . . . .