ce 25 [avril 1739]
Mon cher abbé je reçois votre lettre du 24 avril.
D'Arnaud est venu icy sur un cheval de louage; il a fort mal fait de venir ainsi de sa tête, chez une dame aussi respectable dont il n'a pas l'honneur d'être connu, mais il faut pardoner une imprudence attachée à sa jeunesse et à son peu d'éducation. La lettre que je vous envoyois pour luy doit être non avenue.
Vous pourez peutêtre me faire tenir encor une lettre à Cirey si vous répondez sur le champ à cellecy. Mais passé ce temps ne m'écrivez plus jusqu'à ce que vous ayez de mes nouvelles.
Je n'ay rien à ajouter sur l'affaire du chevalier.
Si mr Tiriot vous donne pour moy un Demosthene grec, et un Euclide grec et latin, je vous prie de prendre L'Euclide, et de renvoyer le Demostène, comme j'en suis convenu avec le sr Tiriot. Envoyez toujours le ballot à Cirey.
Ne donnez d'argent à personne sans un petit mot de ma part, excepté au sr Hebert le joailler, avec qui je vous prie de terminer un compte. Il n'y auroit qu'à l'aller voir et luy proposer un petit acomodement d'argent comptant pour des choses qu'il m'a vendues fort cher. Je crois qu'il demande 600lt, et qu'il faut luy en donner 400lt. J'abandonne cette négociation à votre prudence.
Voicy un modèle de lettre que je prie mr votre frère d'écrire dans quelques jours à M. le président Dauneuil. Si l'on vient de la part de Dusauzet dites que je me charge moy même de cette affaire.
Je suis extrêmement mortifié que Mr votre frère, qui ne fait que vous prêter son nom, ait pu me commettre au point de dire de ma part à M. le président d'Auneuil que je pouvois le contraindre à me rembourser. Je n'ay jamais chargé mr votre frère de dire ces paroles, qui me paroissent dures, ny rien d'aprochant. Vous savez que je m'en remets absolument à l'équité et à la bonté de M. le président d'Auneuil et sur la délégation qu'il a promise, et sur le payement des cent pistoles qu'il est clair qu'il me doit. Je serois très fâché qu'il pensast que je doute un moment de sa bonté pour moy.
Si vous luy aviez parlé vous vous seriez servi de termes plus doux et plus convenables à votre politesse aimable. Adieu, mon cher amy.
V.