1738-05-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

En réponse à la vôtre du 26 may.

Mon cher abbé la lettre polie de mr Dauneuil n'empêche pas que je n'aye fort à me plaindre de ce qu'il m'a enlevé mon hipotèque. Je prie Mr votre frère de luy ecrire, primo, que je n'ay aucune connaissance qu'il ait payé les 6 derniers mois 1735, et qu'il est prouvé qu'ils n'ont point été payez, puisque luy même ayant dit que cette quittance étoit chez me sa femme, cette quittance ne s'est pourtant jamais trouvée, qu'enfin c'est à mon fondé de procuration à donner quittance, et que luy Moussinot offre de donner une quittance conditionelle. 2º qu'à L'égard de l'hipotèque comme il m'a ôté ma délégation sur Les rentes de la ville, on attend de son équité qu'il m'en donnera une autre.

Si j'avois sçu que ce metteur en œuvre que je crois le gendre de Picart fit des boetes, je me serois recomandé à vous et cela auroit épargné cent écus que le sr Hebert gagne sur la tabatière. Je vous prie mon très cher abbé de la bien enveloper, bien empaqueter, bien enfermer, et de la donner à mr le marquis du Chastelet [p]our me la rendre sans luy dire de quoy il s'agit.

J'attends copie de la transaction avec Demoulins, que je vous prie de m'envoyer aussi par mr le m. Duchastelet qui va partir.

Je suplie Mr votre frère de me faire avoir exactement les journaux, ils me manquent ceux d'avril, et nous sommes à la fin de may. J'attends aussi, la suitte des pour et contre, depuis le numéro 209; et ce qui précède et ce qui suit les 4 tomes 8, 9, 10, 11, des observations. Vous devez avoir reçu le téléscope, et les livres doubles. J'écriray incessament à l'abbé Nolet, et je vous prieray de luy donner de L'argent. J'attends une rescription de 2000lt . Il me semble que vous m'avez envoyé plus de 40000lt depuis le mois de janvier sans compter ce que vous avez payé pour moy. C'est assez grand train. Je vous embrasse tendrement.

V.