1732-12-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Robert Le Cornier de Cideville.

Je vous envoyay l'autre jour
L'abrégé d'un pellerinage
Que je fis en certain séjour
Où vous faites souvent voiage,
Ainsi qu'au temple de l'amour,
Pour ce dernier, n'y veux paraitre,
J'y suis dès longtemps oublié,
Mais pour celuy de l'amitié,
C'est avec vous que j'y veux être.

Or cette fredaine du temple du goust doit être montrée à très peu de monde, et surtout qu'on n'en tire point de copie. Il y a plaisir à avoir afaire à gens discrets comme vous. J'aurois deu mon cher Cideville vous donner une belle place dans le temple. Si le cardinal de Polignac vous connoissoit, il vous y auroit placé luy même. J'ay écrit à Jore et luy ay envoyé un assez honnête errata qu'il faut qu'il imprime. Je vous suplie de ne laisser sortir aucune Zaire de vos mains sans cet errata, et surtout de vouloir bien attendre pour la rendre publique, à Rouen, qu'elle paroisse à Paris. Vous devez avoir les premières prémisses, mais Paris doit avoir les secondes, ensuitte Rouen doit avoir le pas, il faut que les choses soient dans les règles.