1732-01-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Augustin Paradis de Moncrif.

Je devrois venir vous remercier ce matin mon cher monsieur; je devrois être aux pieds de votre adorable prince.
Dieu soit enfin loué, nous avons un prince qui a du goust. Mon cher Montcrif, il faut qu'il me protège. Ce sera le bon goust qui me protègera contre le mauvais. Ah que les comédiens sont de pauvres gens! Savez vous bien qu'hier j'assemblay trois bons critiques qui lurent les deux pièces jusqu’à onze heures? Ils furent unanimement de votre avis. Je suis charmé que madame de Bouillon ait si bien senti et si promptement la différence qui est entre ces deux ouvrages. Il y a bien plus d'esprit et de goust dans ce siècle qu'on ne croit. Mon cher Montcriff faites bien ma cour à mgr, et à me de Bouillon, aimez Voltaire et Eriphile. Adieu etc.

V.

Je suis chez moy parce que je travaille.