à Ferney 14 janvier 1771
Je ne savais pas, monsieur, les obligations que je vous avais, et je vous assure que vous ne pouviez pas placer vos bontés plus à propos. On me mande que mgr le duc de Bouillon me doit cinq années de mes rentes. C’est ce que j’ignore entièrement. Tout ce que je sais c’est que je me trouve dans la situation la plus triste, ayant fondé dans mes déserts une colonie et des manufactures assez considérables, que mr le duc de Choiseul avait protégées avec la plus grande générosité. Je me trouve à présent sur le point d’être ruiné avec elles si on ne me paye point ce qu’on me doit.
Je vous demande en grâce de vouloir bien prendre un peu mon parti auprès de mr Bérard. Il faut que je fournisse de l’or tous les jours à mes colons, qui travaillent en horlogerie. Je leur ai établi un commerce en Espagne, en Turquie et en Russie. Tout cela va tomber si je ne suis pas secouru.
Mgr le duc de Bouillon fera subsister deux cent familles, s’il ordonne à mr Bérard de me payer tout ce qui m’est dû.
Je vous supplie, monsieur, de lui présenter mes respects et mes besoins. Je compte sur sa générosité et sur sa justice comme sur la vôtre.
J’ai l’honneur d’être avec les sentiments que je vous dois, monsieur, &c.