à Ferney 5e juin 1772
On m’a fait voir une lettre de Mr Fabri, subdélégué de l’intendance à Gex, et votre fermier des postes à Versoi.
Il se plaint que ma colonie ait envoyé des boetes par la poste sans les faire taxer, mais sans doute il ignore monsieur les bontés dont vous m’honorés et d’ailleurs il sait que le port d’aucun paquet n’est payé par celui qui le dépêche, mais par celui qui le reçoit.
De plus ma colonie n’a jamais envoyé de petites caisses de montres qu’à vous Monsieur qui avez daigné le soufrir; et à Lyon selon la permission que lui avait donnée mr le duc de Choiseul, permission que vous n’avez jamais révoquée.
Sans ces bontez il serait impossible à mes artistes d’envoier leurs ouvrages en France et dans les pays étrangers, ils seraient forcez de déserter le lieu de leur établissement. Je leur ai prêté cent mille francs sans aucun intérest, et je leur ai bâti des maisons pour cent autres mille francs. Ils ne peuvent me paier que par leur travail. Ce travail journalier est utile à l’état, et c’est cette considération qui a principalement déterminé votre cœur bienfaisant à me favoriser.
Je n’ose vous adresser de nouvaux paquets sans votre permission. Je me flatte que vous ne cesserez pas de protéger un établissement qui n’a subsisté que par les grâces de M. le duc de Choiseul et par les vôtres.
J’ay l’honneur d’être avec la reconnaissance la plus inviolable et la plus respectueuse.