1839-10-25, de Pierre-Joseph Proudhon à Paul Ackermann.

Je maintiens ce que j'ai dit : votre éloge de d'Olivet est ce que vous avez écrit de mieux; c'est élégant, simple, ferme et quelquefois spirituel. Il y a vers la fin des répétitions et des retours à des idées précédemment exprimées. Vous apercevrez facilement ces longueurs, sans que je vous les indique.

Je supprimerais les deux derniers alinéas, tout en conservant les traits principaux que je trouverais moyen de faire entrer dans le corps du discours.

Vous attendiez peut-être mieux de ma complaisance ; je vous avoue que c'est tout ce que je trouve à redire dans votre discours. Je vais le faire passer au Séquanais dès la semaine prochaine. La biographie de Fallot a beaucoup plu ; on a regretté que M. de Brunet l'eût scindée en deux numéros. A présent que vous êtes parti, on parle quelquefois de vous : l'éloge de d'Olivet augmentera la considération dont vous jouissez. Stérile honneur !

Dans quatre ou cinq jours, vous aurez à votre tour mes épreuves ; ne me faites pas attendre ; de la prompt» impression de mon Mémoire dépend mon départ pour Paris.

Les hommes du Progrès bisontin menacent de me tamiser, parce que je leur ai laissé voir mon peu d'estime pour leur journal.

Je les ai traités de menteurs, d'imbéciles, d'infâmes et de cochons. J'ai appelé leur style un style de libertins, et qui se sent des lieux hantés par les auteurs. Qu'ils attaquent mon discours, voire mes idées, rien de mieux ; s'ils vont plus loin, je défie leur générosité d'insérer ma réplique.

Dessirier vous a-t-il remis 20 francs ?

Voici l'adresse d'un petit jeune homme fort connu de Pagnerre, et qui pourrait se charger de lui demander la permission dont je vous ai parlé, de mettre le nom de ce libraire au frontispice de ma brochure :

« Antoine Madrange, typographe, rue des Cordeliers-Sorbonne, 19. »

Vous pourriez lui remettre les épreuves après votre lecture et pendant que je ferais tirer, il aurait le temps de me faire connaître la réponse de Pagnerre. Mais chargez Dessirier de cette commission.

Je vous souhaite le bonjour; comptez sur moi avant le 10. J'annoncerai votre départ dans le Séguanais

P.-J. PROUDHON.