Draguignan 22 juillet 1832.
Mes chers parents, ma chère mère, — car vous avez en particulier plus besoin de consolations dans ces tristes circonstances,— Micaud m'a instruit du sort de mon frère, et il est résolu qu'avant six semaines je serai de retour à Besançon. Comme le sort me poursuit avec acharnement ! Il me semble que la fatalité que je traîne s'attache à tous ceux que j'approche : que Micaud et Fallot sont plus malheureux depuis qu'il me connaissent! J'entre parfois dans des trances de rage effrayantes et risibles en même temps ; je ne sais à qui m'en prendre. J'appelle, je défie mon ange noir; je voudrais le terrasser ou qu'il m'anéantît.
Votre fils,P.-J. PROUDHON.