1811-09-14, de Alphonse de Lamartine à Aymon de Virieu.

Je reçois à l'instant ta lettre bien heureuse. Arrive, arrive, mais arrive tout de suite, je te battrais pour ton insouciance et tes retards! Pense donc que nous n'aurons peut-être qu'un mois à être ensemble, si tu ne franchis pas tout de suite les Apennins. Oui, tout de suite : point de retards à Turin, à Milan, à Bologne, ça n'en vaut pas la peine. A Livourne et à Rome tout de suite ! Tu me trouveras encore ici dans à peu près un mois, l'attendant tous les jours et m'ennuyant pour t'attendre et voler à Rome.

M. de Fréminville, avec qui j'ai fait connaissance chez le préfet et qui a beaucoup de bonté pour moi, viendra avec nous, si tu arrives à cette époque ; il n'aura que ce moment de libre. Sois ici sans faute le 12 octobre, et écris-moi ce qu'il en est, afin que je m'arrange en conséquence. Je n'irai point à Venise, l'argent me manquerait.

Arrive, adieu, point de paresse ni de jours perdus.

A. L.

P. S. Je ne sais ce que je t'écris, dans l'emportement de ma joie. Pardonne-moi de trop t'aimer.