du 26 May 1778
Les nouvelles, mon cher Wagnière, sont toujours plus fâcheuses, et le deviennent tous les jours de plus en plus; la faiblesse augmente de jour en jour.
L'impossibilité de faire rien prendre à mon malheureux oncle s'accroît encore. Ce serait se faire illusion que de conserver de l'espérance. Il est affreux de lui voir terminer ainsi une carrière aussi brillante, dans l'instant où il a le plus joui de sa gloire. Malgré son âge, cette carrière pouvait encore être très longue.
J'adresse cette lettre à votre femme, parce que j'imagine que vous serez parti sur ma dernière. Si vous ne l'êtes pas, partez toujours. Ce qui lui reste de tête est pour vous désirer continuellement. Il est fort douteux que vous arriviez à temps; mais au moins, s'il vit encor, vous adoucirez ses derniers moments.
Adieu, mon cher Wagnière, je sais combien vous serez affligé l'un et l'autre. Vous perdez un homme qui avait pour vous bien de l'amitié. Si celle que vous trouverez en moi peut être un adoucissement, vous devez en être bien sûr.
D'Hornoy