1778-05-27, de Antoine Jean Amelot de Chaillou, marquis de Combrande à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Personne, Monsieur, ne partage plus sincèrement que moi toute la peine que vous cause L'état fâcheux de M. de Voltaire.
Puisqu'il désire avec tant de vivacité d'être transporté à Ferney, malgré les craintes qu'un pareil voiage doit occasionner, Je pense qu'il faut céder à sa volonté; Je connois même assés son carctére pour croire qu'il y auroit peutêtre plus d'inconvénient à y résister, qu'à risquer le voiage, dont le danger est encore plus douteux que celui d'un accès de colère: On peut d'ailleurs s'en rapporter à vos soins et à ceux de M. L'abbé Mignot, mais si par malheur vous veniés à perdre M. de Voltaire avant que d'être arrîvés au lieu dont il est fondateur et où il témoigne tant de désir de finir ses jours, Je n'imagine pas que vous trouviés aucun obstacle à contînuer votre route, à tout événement ma lettre vous serviroit de passeport.

J'ai L'honneur d'être avec un sincère attachement, Monsieur, votre très humble et très obéissant servîteur

Amelot