1778-05-23, de Jean Charles Pierre Le Noir à Antoine Jean Amelot de Chaillou, marquis de Combrande.

Monsieur,

J'apprens à l'instant que m. De Voltaire est très mal, et qu'il y a apparence qu'il ne sera plus en vie dans 24 heures.
Je viens d'avoir ce détail de M. le Curé de st Sulpice qui pour éviter les difficultés qu'on pourait faire pour son enterrement est convenu avec son neveu, qu'aussitôt sa mort on le transporterait comme malade à Fernex, et dès à présent on fait courir à cet effet le bruit que le malade veut à Toutes forces retourner en ce lieu. Je me hâte d'avoir l'honneur de vous prévenir de ce qu'on se propose de faire pour vous mettre à portée de donner quelques ordres, s'il y a lieu, ou de laisser agir la famille, ainsi qu'elle se le propose. M. l'abbé Mignot m'ayant fait demander un passeport pour qu'il ne soit pas inquiété dans la route, je lui ai écrit que je ne pensais pas qu'on pût s'opposer au transport de M. de Voltaire malade et qu'en cas de difficulté, il pourait représenter ma lettre, comme servant de passeport.

Je suis avec respect

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Lenoir