1778-05-27, de Antoine Jean Amelot de Chaillou, marquis de Combrande à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

J'ai fait part, Monsieur, à m. le Cte de Maurepas de la conversation que nous avons eû ce matin avec m. le Curé de st Sulpice et de ce dont ensuite nous étions convenû.
Il croit, vû les circonstances que le parti auquel on s'est arrêté est le moins susceptible d'inconvéniens, et n'en aiant trouvé aucun à la lettre que vous avés désiré recevoir de moi, vous la trouverés cy jointe. Mais il pense, ainsi que moi, que dans le cas où vous auriés le malheur de perdre M. de Voltaire, il seroit prêférable, pour accrédîter le bruit que vous aurés soin de faire répendre que, quoique dangereusement malade, il veut absolument être transporté à Ferney pour y finir ses jours, de tâcher lorsque le triste événement de sa mort sera bien assuré, de le mettre tout habillé dans sa voiture, sauf à arrêter à 3 ou 4 lieues de Paris pour le faire embaumer par le Chirurgien que vous auriés emmené à cet effet et ensuite continuer votre route. Nous regardons au surplus comme très essentiel que vous tâchiés dés ce moment cy de ne plus laisser entrer personne chez lui, il me semble qu'il n'y a que trop de prétextes plausibles pour en écarter tous autres que ses proches Parens.

Je ne sçaurois trop vous répéter, Monsieur, combien je partage la triste ou affreuse situation où vous vous trouvés; J'espère que vous voulés bien rendre justice au très sincère attachement avec lequel j'ai L'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Amelot