1777-07-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Philippe Antoine de Claris, marquis de Florian.

Mon cher ami, je n'en peux plus.
Je ne peux dicter qu'un mot. Ma faiblesse augmente, et ma vie s'en va. Je n'aurais pu recevoir l'empereur Joseph, ni même st Joseph, quand même les impertinences des Génévois de Ferney ne les auraient pas empêchés de m'honorer de leurs visites.

Je ne doute nullement que votre procès ne se tourne en plaisanterie; mais vous ne pouvez consulter personne plus capable de vous aider, soit en plaisanteries, soit en choses sérieuses, que mr Béguillet. Le ballot qu'il réclame deviendrait une chose très sérieuse. Je vous conjure de mander au sr Forestier que vous connaissez et que je ne connais point, qu'il me rende le ballot, quand je l'irai chercher à Nyon, ou quand l'ami Wagnière l'ira prendre de ma part.

Madame, je ne suis point surpris que monsieur, qui a des yeux et de l'esprit, vous ait distinguée dans la cohue que les Welches appellent Fax-hall. Je crois que toute Sa famille, sans exception, en aurait fait autant. Mais je porte envie à tous les simples citoyens qui ont le bonheur de vous voir, et de jouir de votre société. La fin de ma vie est triste, je ne suis ranimé que par mes sentiments pour vous deux, et consolé par votre amitié.

Voltaire