11e avril 1768, à Ferney
Après vôtre Lettre charmante, Monsieur, je désire que la chambre des finances de Monbelliard ne me paie pas un sou, afin que je puisse me trainer à Bezançon.
Je serais charmé de vous voir ordonner des évolutions pacifiques à des soldats qui se battent comme des diables pendant la guerre, et qui sont honnêtes gens pendant la paix.
S'il me restait encor du sentiment et de l'imagination je viendrais faire ma cour à Made De Grosbois et à Made De Lacoré, et j'irais, s'il le fallait, entendre la messe du révérend père Nonotte; vous savez que les ex-jesuites ne m'éffraient pas; mais ma faiblesse et ma mauvaise santé qui augmentent tous les jours pouraient bien me faire rester à Tournay ou à Ferney, où j'attendrai paisiblement la fin de ma végétation, et de toutes les illusions qui me bercent jusqu'au dernier moment. Mais tant que je respirerai soiez sûr que vous aurez en moi le serviteur le plus tendrement attaché.
Mesdames De Lacoré et de Grosbois veulent elles bien permettre que je leur présente mes très humbles respects, et mon extrême reconnaissance, pour toutes leurs bontés?
V.